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Le Néolithique
Objet emblématique

Dépôt de haches polies


Depuis près de deux siècles, plusieurs centaines de haches polies de grande taille et de qualité exceptionnelle ont été découvertes dans la région de Carnac. La plupart ont été mises au jour dans les grandes sépultures de la seconde moitié du Ve millénaire disséminées sur le pourtour du golfe du Morbihan. Elles ont été déposées dans des caveaux funéraires composés de dalles mégalithiques, eux-mêmes enserrés dans de gigantesques accumulations de terre et de pierres, connues sous le nom de « tumulus » ou de « cairns ».

D’autres haches, comme celles de Bernon ici représentées, étaient groupées dans des « cachettes », à moins qu’elles ne proviennent de quelque tumulus ruiné, non reconnu au moment de la découverte. Le Dr de Closmadeuc, un érudit local qui a acquis cet ensemble en 1894, relate en effet la découverte en ces termes : « En brisant une des grosses pierres paraissant disposées intentionnellement en un vaste cercle, on découvrit 17 haches de pierre (…) debout, la tranche en l’air, pressées en cercle les unes contre les autres, protégées latéralement par une sorte d’enceinte en pierres sèches et supérieurement par une pierre plate de couverture ».

Sur les seize haches de Bernon aujourd’hui conservées, six ont été réalisées en fibrolite, une roche locale dont on connaît des gisements à 10 km d’Arzon. Dix sont en roche verte et auraient une origine plus lointaine, probablement les Alpes. Toutes ont bénéficié d’un polissage extrêmement soigné affectant la totalité de leur surface et dotant ces pièces d’une magnifique luisance jouant sur tous leurs angles.

Parmi les grandes haches polies de Bernon, quelques-unes sont percées d’un trou sur l’extrémité opposée au tranchant. On retrouve cette caractéristique sur certains exemplaires des tumulus de Saint-Michel à Carnac et du Mané-er-Hroëc à Locmariaquer, ou encore sur une gravure de la chambre à couloir de Gavrinis. Ces haches ont-elles été détournées de leur fonction initiale pour servir de pendeloque ? En tout cas, perforées ou pas, il est peu probable que ces grandes lames au poli si soigné aient jamais servi à couper un seul arbre. Leur longueur exceptionnelle, la minceur de leur section, la finesse de leur tranchant, souvent trop fragile pour supporter un choc, évoquent davantage une fonction symbolique.

Les recherches ethno-archéologiques de Pierre et Anne-Marie Pétrequin en Nouvelle-Guinée sont éclairantes à cet égard. Dans les sociétés papoues, la hache polie de grande taille est un moyen d’expression sociale et constitue un objet d’apparat. Elle symbolise le prestige des individus qui la portent ; les chefs de village peuvent en posséder jusqu’à quatorze de leur vivant, parfois héritées des générations précédentes. Dans ces sociétés, les haches constituent également un vecteur d’échange et de dialogue entre communautés. La découverte de grandes lames dans des sites funéraires monumentaux ne dément pas une explication similaire. Leur présence dans des caveaux est peut-être à mettre en rapport avec le prestige des individus qui y étaient inhumés.

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